dimanche 8 juin 2008

Ecole: plus le gouvernement avance, plus il détruit...

Le gouvernement annonce une kyrielle d'effets d'annonces sur tout , à son habitude, pour "communiquer", montrer qu'il existe et qu'il a la main. Soit, ce genre « tourbillonesque » a un problème, en faisant des annonces à la va-vite, deux points négatifs: on ne sait plus ce qu'on dit et on se permet de mettre des propositions sans aucun sens avec la réalité du terrain. De la pure réforme de technocrate. On sait combien elles sont mauvaises, ce genre de réformes.

1/Les effectifs, derrière l'apparence de "toilettage nécessaire", se cachent l'amenuisement des moyens et la précarisation
Le gouvernement s'affaire sur le sujet de l'Ecole, force est de constater qu'il s'attaque à l'Ecole.
Premier élément qui peut sembler une façon de rationaliser les effectifs, la suppression de 11000 postes cette année sans compter depuis 2003 et le primo-ministère Raffarin qui a supprimé de près de 40% les postes offerts au concours dans chaque matière, une moyenne de 54 matières en collège, lycée général/technologique et lycée professionnel , ce que l'on peut estimer à moins de 80000 postes qui n'existent pas actuellement (sans compter les concours d'agrégations!). Et cela va continuer!
L'addition, pas moins de 91000 postes supprimés!!!
Certes,il existe un nombre de remplaçants non affectés et il faut penser d'abord à les affecter en poste fixe (ils n'ont pas choisi cette situation à 90%) mais on se rend compte qu'il est déjà difficile de tenir des classes conséquentes: 35 en lycée, 27-29 en collège et rappelons qu'il va y avoir une hausse des effectifs qui vont venir de l'élémentaire. Le gouvernement voit à courte vue.
Le gouvernement se rend compte que la situation actuelle des titulaires remplaçants qui devrait être améliorée puis réglée avec la baisse des effectifs professoraux va amener le besoin de remplacements de moyenne durée et de longue durée qui va probablement être effectuée par des vacataires précarisés.
Certes cela peut dépanner un vacataire qui fait ses études, mais il faut veiller à ce que la personne qui le fasse ait une protection et une formation .
Que peut-on proposer? La création d'un corps professionnel par académie et organisé par zone de remplacement, de vrais volontaires pour être remplaçants, qui sont professeurs et qui ne font que cela, en échange d'un salaire majoré de manière distinctive.

Quand on voit qu l'on veut supprimer le redoublement!! Sans rien proposer en face (pas de cours en petit groupe dont les élèves en difficulté ont grand besoin), bonjour la classe-garderie...

2/De nouveaux programmes faits pour des classes élitistes, tant pis pour ceux qui ne suivent pas!
Monsieur Darcos semble avoir de l'humour. Et si! Il défait ce qu'il a acclamé en 2002, c'est-à-dire le programme de l'école élémentaire. Ce programme avait été concerté, travaillé, avec tous les partenaires, soutenu par le ministère de l'Education Nationale d'alors (Ferry) et qui donnait malgré ses imperfections une satisfaction à tout le monde, on allait vers le retour à la lecture syllabique, on travaillait les bases sans sacrifier l'ouverture culturelle, on avait établi un programme ambitieux de développement et d'enseignement des langues.
Seule bémol, on a fermé l'accès à l'ouverture sur les langues régionales.
Et là , patatrac! EN CE1, seulement un an après avoir acquis la lecture, on va parler de nature et de fonction!
En mathématiques, les élèves auront du voir ce qu'ils doivent apprendre en 6e en partie (à quoi sert la 6e alors?). On va diminuer les sciences et l'histoire-géographie.

Et ce n'est pas tout...
Les programmes de français au collège limitent l'accès à la lecture par le biais de la littérature jeunesse pour primer les classiques et l'on va voir le subjonctif du passé en 5e!!! Si déjà ils pouvaient connaître par cœur le présent de l'indicatif, l'imparfait et le passé simple, ça serait déjà pas mal!

3/Pas de choix au lycée, tant pis pour toi!
On commence à vouloir diminuer les options y compris les enseignements de spécialité (ce qu'on peut appeler les "options obligatoires"). Certes, le lycée n'est peut-être pas là pour proposer des centaines d'options à gogo, la tendance depuis 1990 a été la multiplication.
Toutefois le rôle du lycée est d'offrir une plus grande ouverture culturelle et ce n'est pas du superflu, c'est par cela, que la différence se fait sur un CV, plus on s'ouvre, plus on va loin, plus on devient polyvalent. Ca s'appelle ni plus ni moins que la "culture générale", comme on dit en jargon professionnel. Donc le théâtre, les arts plastiques, la musique, le latin et le grec ne sont pas du pipi de chat!!
Ironique pour un gouvernement qui cache mal ses ambitions élitistes (il faut toujours être un gagnant genre "On achève bien les chevaux").
On peut pour certaines options donner des chèques pour financer cet accès à la diversité et faire des activités le mercredi après-midi. Pourquoi pas, mais en tout le cas , le lycée doit pouvoir permettre aux lycéens d'élargir leur esprit.
Les langues anciennes ne sont pas à vendre, elles font partie de notre patrimoine.

On constate déjà dans certains établissements la suppression d' "options obligatoires"...

Les langues sont franchement défavorisées. Depuis 2002, on a passé l'enseignement de langues au lycée de 3h à 2h30, déjà que 3h était un strict minimum, comment à l'heure de l'Europe peut-on apprendre à parler bien les langues dans ces conditions? Les langues sont visées dans l'amenuisement des options, telles que russe, arabe, portugais voire italien ou espagnol LV3 alors que ces langues représentent plusieurs centaines de millions de locuteurs!
On parle des modèles européens, mais dans les pays où l'on apprend mieux les langues, le quota horaire est de 4 à 6h par langue!!!
Cela veut dire que le gouvernement dit en substance "tu veux apprendre une langue autre que l'anglais ou ta deuxième langue? , prends donc un professeur privé".
Et si certains ont du mal en langue, on ne propose pas de langue renforcée à la place d'une deuxième langue et assez peu à la place d'une troisième.

On ne sait pas vers où la suppression des filières L/ES/S/STG/STI et autres va mener...
Un bac en contrôle continu, un lycée sans choix pour ceux qui préfèrent les matières scientifiques ou littéraires??

4/Quid de la formation des professeurs???
L'annonce de passer à bac + 5 , le niveau minimal des professeurs pose question. Des tas de questions
-1 Un master pour les professeurs de lycée professionnel: cuisine, vente...?? On dirait que le lycée n'est que général!
-2 Attendre bac + 5 pour travailler, bonjour l'élitisme: cela veut dire que les parents doivent aider leurs enfants jusqu'à 25,26 ans? Qu'il faut travailler pendant ses études et sacrifier en partie sa réussite? Le gouvernement ne veut que des professeurs des classes aisées, apparemment.
-3 Supprimer les IUFM? Même si l'IUFM a des défauts, on peut réformer sans la supprimer, c'est le SEUL outil de professionnalisation et quid des professeurs des écoles qui en sont très majoritairement satisfaits et qui ont autant besoin? Le gouvernement dit aux professeurs: "débrouillez pour la formation suivie les premières années, on vous laisse dans la nature"

BRAVO au gouvernement qui s'il croit bien faire, empire la situation et qui semble avoir pour but d'empêtrer l'Ecole!!!

Le gouvernement se fiche du pilier de la Nation qu'est l'Ecole et seule source de formation et d'avenir (recherche), et qui éduque tout le monde (donc empêche les mauvais comportements et l'insécurité).